Texte de Congrès - Partie 2-I

Publié le par Réseau Communiste de Fontenay/bois

Une base pour relancer l’action communiste partout où se trouvent les communistes

I)- Plus que jamais, l’exigence de rupture avec le capitalisme !


En ce début de 21ème siècle, le capitalisme est entré dans une phase de mondialisation accélérée.
Le capitalisme s’est renforcé dans la lutte des classes internationale à la faveur de l’effondrement de l’URSS, également de part les effets de sa propre crise commencée dans les années 70. Il est en mesure d’imposer de plus en plus rapidement les conditions sa mondialisation.
Géographiquement, il a étendu sa domination à la quasi-totalité de la planète après sa restauration dans les pays de l’est et cela d’autant plus que la Chine se convertit rapidement à l’économie de marché.
Le capitalisme opère sa mondialisation par l’élimination des entraves à la « libre » circulation des capitaux, au «libre» échange des marchandises, y compris maintenant des services, par l’unification des marchés.
Les évolutions technologiques sont utilisées par le capitalisme pour accélérer ces processus mais il est faux de prétendre qu’elles en sont à l’origine et les rendent inévitables.

Les grandes puissances capitalistes, réunies dans le G7/G8 derrière la superpuissance US, sont les fers de lance politiques du processus de mondialisation. L’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale sont les structures dont le rôle est d’organiser et de mettre en œuvre ce processus au plan mondial. Les zones de libre-échange et d’intégration supranationale, UE, ALENA, ASEAN… en sont les relais régionaux.

La mondialisation se caractérise aussi par le renforcement inédit des multinationales (ou transnationales) qui s’alimentent des privatisations et de l’extension des marchés et se regroupent dans un vaste mouvement de fusions-acquisitions-absorptions. Ce mouvement de concentration conduit à la constitution d’oligopoles privés au plan mondial. Leur chiffre d’affaires arrive à être plus important que le PIB des Etats.

La mondialisation a d’importantes conséquences sur les conditions de la lutte des classes dans chaque pays. Le renforcement de la concurrence internationale entre les travailleurs, les menaces de délocalisation des activités, accroissent la pression sur les salaires et les conditions de travail. L’éloignement, au moins apparent, des lieux de pouvoir nourrit un sentiment d’impuissance et de fatalisme que cultive l’idéologie dominante.

Les gouvernements des pays capitalistes, conformément aux intérêts des multinationales et des patronats locaux, utilisent ce rapport de forces défavorable au monde du travail pour privatiser toujours plus, démanteler les acquis des luttes de peuples en terme de protection sociale, de droit du travail… pour écraser les salaires.

Nous vivons une période d’intensification de l’exploitation capitaliste, de régression sociale et démocratique sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale.

Le maintien d’une seule superpuissance, les Etats-Unis et la mondialisation étaient présentés comme garant de la paix pour l’Humanité. Bien au contraire, la guerre impérialiste ravage la planète. Successivement en ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, l’impérialisme US a frappé dramatiquement les peuples pour satisfaire ses intérêts stratégiques, pour « sécuriser » l’approvisionnement pétrolier de son économie et même pour assurer des débouchés sur les marchés de reconstruction à ses transnationales. Il s’est doté d’un appareil répressif, au nom de la lutte contre le terrorisme, prêt à s’abattre sur la moindre forme d’opposition à sa domination.
Détenteurs d’un leadership incontestable dans le maintien de l’ordre impérial, les Etats-Unis voient néanmoins émerger des blocs impérialistes, notamment l’Europe et peut-être la Chine potentiellement concurrents à terme.
Le capitalisme est plus que jamais à son « stade suprême », l’impérialisme où il met en danger l’avenir même de l’Humanité.

Dans le même temps, la contestation des peuples s’étend. Des résistances montent des quatre coins de la planète, des paysans sans terre du Brésil et de l’Inde aux ouvriers coréens. Devant le gâchis dramatique, les souffrances endurées, tous accusent le capitalisme. 
Des avancées très encourageantes pour les révolutionnaires du monde entier se produisent en Amérique Latine. Cuba continue de défier le blocus et l’agression permanente des USA, et réussit à approfondir sa révolution socialiste originale.
Au Vénézuela, le peuple parvient à défendre la « révolution bolivarienne », qui tend de plus en plus ouvertement vers le socialisme, face à la bourgeoisie locale soutenue massivement par les USA.
Dans les pays d’Europe, les luttes sociales s’intensifient. Des grèves et des manifestations, réunissant des millions de personnes ont ainsi eu lieu successivement depuis 2003 en France, en Autriche, en Italie et en Belgique contre la casse des systèmes de retraite par les gouvernements.
La très forte mobilisation de l’opinion publique internationale contre la guerre en Irak a également attesté de la volonté et de la capacité de résistance des peuples.

La rupture avec le capitalisme est mise plus que jamais à l’ordre du jour. Ce constat souligne le contresens total de l’abandon des fondamentaux théoriques du marxisme avec la « Mutation » du PCF. L’idée même de rupture a été abandonnée avec la suppression de l’objectif du socialisme et avec la notion de « dépassement du capitalisme », qui est le synonyme de l’impasse réformiste. Ces révisions et les choix stratégiques qui en ont découlé ont coûté très cher au Parti qui s’est comme « tiré une balle dans le pied ». Elles pèsent lourdement sur les possibilités de rupture et d’alternative politique en France.
Ce 33ème congrès doit être l’occasion pour les communistes de refixer certains repères.

En premier lieu, pour nous communistes, les mots ont un sens et il est très important de le repréciser face aux confusions entretenues par l’idéologie dominante. Il n’y a pas un bon et un mauvais capitalisme, ni un mauvais capitalisme et capitalisme qui serait pire, il y a le capitalisme tout court dont notre raison d’être est de combattre la dictature.

Les expressions fréquemment employées d’ « anti-libéralisme » et encore davantage d’ « anti-ultralibéralisme » portent cette idée nocive d’un capitalisme à visage humain.
Le « libéralisme économique », faisant référence à une école de pensée économique née au 18ème siècle, est l’expression flatteuse par laquelle les capitalistes désignent les politiques économiques conduites depuis la fin des années 70, d’abord aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, menées au nom de la « libération » de l’économie de l’intervention de l’Etat. En fait le libéralisme désigne la phase, alors que le rapport de forces s’est dégradé pour les travailleurs, pendant laquelle les forces du capital peuvent revenir sur les acquis (privatisation, démantèlement des systèmes sociaux, baisse des dépenses publiques et sociale, dérégulation), qu’elles avaient été obligées de concéder devant les luttes, notamment après la guerre. Le libéralisme n’est pas un système, c’est une modalité du système capitaliste.

De même, il n’y a pas lieu de distinguer un capitalisme financier d’un capitalisme productif qui serait plus sain, voire à défendre. L’augmentation de la financiarisation de l’économie est un objectif et un résultat de la mondialisation capitaliste. Le transfert de l’épargne des salariés ou du financement des retraites vers des fonds de pension en est un exemple. Mais les « profits financiers », comme ceux issus de l’envolée sans précédent de la spéculation immobilière, ne sont jamais qu’une captation de la plus-value issue d’une exploitation accrue du travail humain (avec un décalage possible dans le temps et l’espace), seule source de création de richesses.

La différence entre réformisme et révolution est toujours fondamentale.
Cette situation économique actuelle démasque l’illusion réformiste entretenue traditionnellement par les partis socio-démocrates. Il n’y a plus de « grain à moudre ». Ces partis ne peuvent plus se prévaloir de l’obtention de réformes (gagnées en fait principalement par la lutte et l’action des partis révolutionnaires, en France du PCF) pour ne pas s’opposer au capitalisme. Du coup, ils se révèlent aux yeux des travailleurs comme des gérants dévoués du capitalisme, loyaux ou même zélés, comme Blair en Grande-Bretagne, selon l’état des rapports de forces nationaux.
La stratégie d’alliance électoraliste et de priorité à l’union de toute la gauche au gouvernement poursuivie par la direction du Parti aurait toutes les raisons d’être remise en cause et non d’être érigée avec la « Mutation » comme une priorité.

Le socialisme doit plus que jamais être notre objectif de rupture avec le capitalisme comme étape nécessaire à l’édification à terme de la société communiste. La question de la propriété des moyens de production reste absolument décisive. On s’en rend compte avec la propriété capitaliste qui se permet de délocaliser des usines ultra-performantes ou avec les effets des privatisations. L’exigence de l’appropriation publique des grands moyens de production et d’échange monte partout où le capitalisme est contesté. L’ignorer ou en minimiser l’enjeu (sans revenir sur l’acceptation des privatisations partielles de la gauche plurielle) conduit le PCF à passer à côté de l’exigence de rupture avec le capitalisme. La nécessité de rétablir le socialisme comme objectif du PCF s’accompagne de la nécessité de mener à bout notre propre critique communiste du socialisme qui a existé en URSS et dans les pays d’Europe de l’est. Cessons d’être des communistes honteux de cette histoire, encore moins de notre histoire en France pour devenir des communistes conséquents qui assument leur héritage dans ses bons et mauvais aspects. Cette posture d’autoflagellation, de soumission aux analyses des idéologues anticommunistes, adoptée par la direction a considérablement nui à notre crédibilité. Le stalinisme, la dérive bureaucratique ne peuvent occulter le fait que l’existence du camp socialiste a constitué un formidable point d’appui pour les luttes émancipatrices dans le monde entier, que la restauration capitaliste s’est traduite par un formidable bon en arrière pour ces peuples.

Notre engagement est internationaliste, pas « altermondialiste »

La mouvance « altermondialiste » a fait irruption dans le débat politique, relayée largement par les media. Dans son extrême diversité, les communistes trouvent parfois des analyses critiques intéressantes du capitalisme. Mais nous ne pouvons pas nous inscrire dans la logique de ce mouvement parce qu’il reprend les présupposés de la mondialisation capitaliste. Nous ne pouvons accepter l’effacement du cadre principal de la souveraineté des peuples, de leur expression démocratique, de la lutte des classes : l’Etat-nation. Le mythe d’une mondialisation progressiste ne tient pas. La mondialisation ne peut être et pour très longtemps encore que la mondialisation capitaliste. C’est bien pour cela que les capitalistes en sont les premiers promoteurs. L’altermondialisme est un altercapitalisme (peut-être keynésien). La même question se retrouve exactement au niveau du relais régional de la mondialisation qu’est l’Union européenne. L’orientation « euroconstructive » imposée par la « Mutation » du Parti, maintenant la défense par la direction de l’intégration européenne dans l’UE du capital (aussi avec le PGE) sont incompatibles avec la recherche d’une rupture en France.

« Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s'ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot.»
Manifeste du Parti communiste, K.Marx, F.Engels, 1848.
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